Le portrait de Jacky Versang – « Le Loup » infatigable

Jacques Versang„Autrefois, nous jouions trois matchs de LNA dans la même journée »

Du haut de ses bientôt 68 ans, Jacques Versang, mais appelez-le Jacky, est connu comme le loup blanc à Genève. « Le Loup » est d’ailleurs le surnom que bon nombre de joueurs genevois lui donnent. En effet, après 51 ans de pratique du tennis de table (il a commencé ce sport en 1962 à Yverdon quand il est arrivé de France), la flamme est toujours et plus que jamais là, et il est courant de le croiser dans les salles genevoises. Dans l’entretien avec Sidespin, Jacky parle de ses débuts avec la raquette Hardbat et dévoile les secrets de sa carrière réussie. Le joueur expérimenté avance une proposition intéressante pour adapter les règles : adopter un modèle de raquette uniforme pour tous.

 

Texte : Laurent Langel, photos : Laurent Langel/Reynald Schmid

Arrivé donc en 1962 à Yverdon, en provenance de Bretagne, pour y commencer un apprentissage de boulanger-pâtissier, Jacky s’inscrit au CTT Yverdon. Connaissant une progression fulgurante, il sera C10 quatre ans plus tard, puis série A en 1970. Il jouait à ce moment-là pour le Silver Star avec lequel il gagna du reste son premier et unique titre de champion suisse de LNA avec les légendes Hugo Urchetti et Mario Mariotti. « Cela m’a procuré une joie exceptionnelle, c’est un titre splendide ». Après une quinzaine d’années passées au Silver Star de Genève, puis un passage par le Rapid Genève et le club, malheureusement disparu depuis, du CTT Espérance, il a joué de 1990 à 2013 au CTT Meyrin, avec lequel il devint champion suisse par équipes seniors et vétérans pendant 21 années consécutives. Il évolue désormais au ZZ-Lancy.

Ajoutez à cela un titre de champion du monde par équipes vétérans en 1998 (O50, avec Herbert Neubauer et Ezz Galal), une médaille de bronze en double O40 aux championnats du monde de Lillehammer et une à Porec en O60 aux championnats d’Europe et vous avez l’un des plus beaux palmarès du tennis de table helvétique (sans parler de ses 48 médailles aux championnats suisses et d’innombrables titres genevois et romands).

 

Jacques VersangDes partenaires d’entraînement variés
En parlant avec Jacky, et malgré tous ces titres, ce qui ressort c’est sa passion inéluctable pour le tennis de table, partageant son temps entre voyages, montagne, matchs de hockey et la pratique de son sport favori. Il participe chaque année aux championnats du monde ou d’Europe, aux championnats suisses, à des tournois internationaux en Allemagne, Turquie ou autre Egypte. Pour maintenir l’excellent niveau qui est encore le sien – il est actuellement classé B15 – il s’entraîne environ 4 fois par semaine avec des partenaires de niveaux et styles de jeu totalement différents. Il joue volontiers avec ses amis seniors du ZZ-Lancy, avec le papa du multiple champion suisse Thierry Miller, et aussi régulièrement avec des joueurs B15/A16, ainsi qu’avec le défenseur suisse Nicolas Champod, A18. « Cela me permet de me maintenir en forme, de faire du sport et surtout d’avoir une variété de balles extrêmement intéressante. Je suis habitué à jouer contre des joueurs à picots, ce qui constitue la large majorité chez les vétérans, mais aussi contre des jeunes qui me permettent de maintenir mes réflexes et de jouer plus en rapidité. C’est un équilibre parfait. »

 

 

Un seul modèle de raquette pour tous ?
Ce qui est intéressant quand on a la chance de côtoyer quelqu’un avec autant d’expérience que « Le Loup », c’est d’écouter ce qu’il pense de l’évolution du tennis table : « Quand j’ai commencé, il y a donc 51 ans, pratiquement tout le monde jouait avec des picots courts, le fameux Hardbat. J’ai été dans les premiers en Suisse à pratiquer le top spin avec des mousses. Mais au début, il était impossible d’acheter séparément les mousses et le bois, tout était vendu ensemble, souvent de couleur verte. Puis les mousses ont commencé à s’épaissir, se diversifier, pour arriver au nombre inimaginable au jour d’aujourd’hui. Même si, actuellement, je joue en défense avec un picot long, je serais le premier ravi si on en revenait à un modèle unique de raquette, en 1,5mm, pour que cela soit pareil pour chacun. Le jeu a été un peu dénaturé par tous ces changements. »

 

 

La colllection des médailles de Jacques VersangUn jeu plus physique et des échanges de balle plus courts
En tant que passionné, c’est tout naturellement que Jacky a passé la semaine à Paris en mai dernier à l’occasion des championnats du monde et il a vu une nouvelle fois le couronnement de la délégation chinoise. « J’ai été impressionné par le niveau de jeu à Paris de tous les joueurs et spécialement bien évidemment des Chinois et de leur mobilité. C’est clairement une autre dimension que des modestes joueurs comme nous. La dimension physique du jeu est devenue tellement prépondérante en comparaison au jeu de l’époque où tout était beaucoup plus lent, défensif. Le physique ne comptait pratiquement pas. Pour exemple, nous jouions trois matchs de LNA dans la même journée. Cela serait impossible actuellement, tellement l’effort physique est important. Cependant, et cela pourrait être mon petit bémol, il y avait beaucoup plus d’échanges à l’époque alors que maintenant tout se joue pratiquement au service-remise, c’est peut-être à regretter. »

 

Enfin et ceci pour nos plus jeunes lecteurs, quel serait le conseil de Jacky ? « S’entraîner le plus possible sur des jeux différents, afin de ne pas tomber dans une certaine forme de stéréotypisation. Il est important d’avoir des variétés de balles afin de développer un sentiment d’adaptation essentiel dans notre sport ». Il ne pourra s’empêcher de rajouter « dans notre BEAU sport ».

Souhaitons à tous nos jeunes espoirs de connaître une carrière aussi belle et longue que celle de l’ami Jacky.

 

Bio Express

Nationalité Suisse et française
Date de naissance 17.04.1946
Geburtsort Saint Cloud (France)
Etat civil Marié, un fils de 38 ans
Hobbys Voyages, photos, hockey, tennis, ski, marche en montagne
Meilleur classement A17 (de l’époque)
Classement actuel B15