Départ du Président STT

Nicolas Imhof / Président STT 2015-2019Départ du président STT

« L’avenir de notre sport est entre les mains des clubs »

 

Texte: Luca Anthonioz / Photo: René Zwald

 

L’actuel président STT Nicolas Imhof a créé une certaine surprise lorsqu’il a fait savoir, en décembre 2018, qu’il ne se représenterait pas pour un 3e mandat de 2 ans en septembre 2019. A la veille de son départ, nous avons voulu dresser avec lui un bilan.

 

Vous partez après 4 ans de présidence. Certains trouvent que c’est trop tôt.

Oui, mais d’autres pensent peut-être que c’est trop tard (rires). Plus sérieusement, la moyenne de mes 4 prédécesseurs est de 3 ans ; j’ai donc fait 1 an de plus que la moyenne ! Mais cette moyenne très basse doit nous interpeller : ce n’est pas un hasard si les présidents se succèdent à un rythme très rapproché, et ce n’est pas forcément une bonne chose.

 

Que voulez-vous dire par là ?

Si je prends mon exemple personnel, j’imaginais qu’un bail de 6 ou 8 ans était idéal pour mener à bien des réformes importantes et mener la fédération dans la direction où j’estimais utile qu’elle aille. Mais je n’irai pas jusqu’à 6 ou 8 ans parce que la fonction est trop lourde. Nos structures ne sont peut-être plus adaptées au monde actuel et à l’intensification des responsabilités professionnelles. Ou alors elles ne permettent qu’à des travailleurs indépendants ou à de jeunes retraités d’occuper la présidence.

 

Vous partez donc à cause de votre engagement professionnel ?

En partie, car il est vrai que l’année 2020 sera particulièrement chargée pour le Chef du service cantonal des sports que je suis : Vaud accueillera et organisera en quelques mois les jeux olympiques de la jeunesse, les championnats du monde de hockey, de cyclisme sur route et de pétanque. Mais ce n’est pas la raison principale. Nous avons un problème d’engagement et de structures.

 

Pourriez-vous préciser votre pensée ?

J’ai toujours déclaré que je ne resterais à ce poste que si je trouvais des personnes compétentes pour m’appuyer. Ces personnes ne sont pas venues en nombre suffisant. J’avais donc trop de travail, trop de responsabilités. Le plus souvent, lorsqu’il s’agissait de lancer un projet (lettre aux nouveaux présidents de clubs, Forum des clubs, lancement d’une commission Sport de loisir, etc), je devais lancer l’idée et la réaliser en bonne partie. STT se retrouve donc avec une direction stratégique trop peu nombreuse qui doit accomplir du travail opérationnel. Et l’Office central (bureau de la fédération à Ittigen) n’est pas suffisamment doté en personnel pour assumer complètement le suivi de projets supplémentaires. A la longue, à force de trop en faire, y compris en ayant accepté la présidence du Comité d’organisation du Swiss Open de Lausanne de tennis de table et maintenant du Top 16 à Montreux, je me suis probablement un peu lassé, épuisé. J’aurais pu continuer, en évitant de suivre ou de lancer le moindre projet, juste en préparant et présidant les séances, mais ce n’est de loin pas suffisant pour mener notre fédération sur la voie du progrès.

 

Quelle est la solution à ce problème ?

Le Directoire et le Comité central sont en train d’y réfléchir et des propositions sont sur le point d’être formulées. Cela passe probablement par un DCC plus stratégique, moins opérationnel et mieux défrayé pour son travail. Cela passera peut-être aussi par un renforcement de l’Office central. Mais cela coûtera de l’argent et cela impliquera de faire des coupes dans d’autres postes du budget. Ce sera à mes successeurs au Directoire ainsi qu’à l’assemblée des délégués et au Comité central d’en décider.

 

Quelles sont les apports dont vous êtes satisfait au moment de partir ?

Le premier n’est pas le plus visible pour les joueurs, mais il est essentiel pour le bon fonctionnement de la fédération : la collaboration entre le Directoire et les associations régionales est désormais constructive. Chacun tire à la même corde dans l’intérêt général du tennis de table. Ce n’était pas forcément le cas lorsque je suis arrivé : l’état d’esprit était très tendu, voire contre-productif. En outre, aujourd’hui, de nombreuses associations régionales ont désormais des présidents dynamiques et compétents. C’est essentiel.

 

Et pour les avancées les plus visibles ?

La majeure partie de mes efforts s’est tournée vers les clubs, car ce sont eux qui vont recruter de nouveaux membres et faire en sorte que les joueurs vont rester longtemps au sein de leur société ou pas. La fédération nationale et l’association régionale ne peuvent que les accompagner, les encourager, les conseiller et leur donner des outils ; mais c’est ensuite le club qui décide de travailler ou pas, d’utiliser ces outils ou pas. Plusieurs mesures ont été prises en direction des clubs durant ces 4 dernières années : l’organisation d’un Forum des clubs avec la rédaction d’un rapport final envoyé à chaque président, une lettre d’encouragement, de bienvenue et de présentation pour chaque nouveau président de club, la mise à disposition d’un stagiaire, Curdin Robbi, qui a proposé de rencontrer tous les clubs intéressés pour échanger les problèmes et les pratiques, la constitution d’une Commission Sport de loisir avec un représentant par région, en vue de proposer des idées et des outils aux clubs. A mon sens, ces efforts doivent être intensifiés, à l’heure où, pour la première fois depuis très très longtemps, il semble (je reste prudent…) que la diminution du nombre de licences est quasiment stoppée. Nous venons juste de planter quelques belles graines. Il faut maintenant les arroser régulièrement, pendant plusieurs années, pour récolter de beaux fruits.

 

Et qu’est-ce qu’il reste à faire ?

Les chantiers sont nombreux, à commencer par l’amélioration des finances. La fédération aurait idéalement besoin de quelques centaines de milliers de francs de plus par année pour fonctionner plus efficacement et apporter une aide beaucoup plus efficace aux clubs ; mais nul ne sait comment ni où trouver cet argent. Ce n’est pas nouveau. Comme je le disais auparavant, les structures et le fonctionnement de la fédération doivent aussi être modernisés, notamment en vue de faciliter une certaine continuité au sein du personnel comme au sein de la direction stratégique. Enfin, un gros effort doit être fait au niveau de la communication (interne et externe), notamment avec l’emploi des réseaux sociaux. J’avais quelques idées en la matière, mais je n’ai jamais eu le temps de les appliquer, par manque de soutien. Heureusement, le directeur de la fédération est un spécialiste de la communication ; c’est un dossier qui lui tient à cœur et pour lequel il a de nombreuses compétences.

 

Avez-vous des regrets au moment de partir ?

J’en ai  deux. D’abord je pensais que je n’aurais pas le temps d’être présent sur le terrain le week-end lors des championnats et tournois principaux. Et ce fut malheureusement effectivement le cas, à cause de mes engagements professionnels surtout. J’ai donc été peu visible des organisateurs et je le regrette. Ensuite, je me suis dit au moment de mon élection que la petite récompense du président pour son travail serait de représenter STT à l’étranger 2 fois par année lors des assemblées européennes et mondiales qui se tiennent au moment des championnats d’Europe et du monde. Malheureusement, là aussi par manque de temps, au lieu d’aller assister deux fois par an pendant 4 ans à ces grands championnats, je n’ai pu m’y rendre qu’une seule fois. Mais il faut voir le bon côté des choses : ça a permis à STT de faire quelques petites économies bienvenues (rires).

 

Vous quittez donc le monde du tennis de table ?

Evidemment pas. Quitter la présidence STT va déjà me permettre de jouer à nouveau un peu plus souvent. J’ai dit « jouer plus souvent », je n’ai pas dit « jouer mieux » (rires). Et puis je garde la présidence du Comité du Top 16 européen à Montreux ; nous venons d’apprendre que l’ETTU nous en octroie l’organisation jusqu’en 2023 au minimum et c’est un gros travail. Enfin il n’est pas exclu que dans quelques temps, une fois reposé de cette présidence, je reprenne une fonction, mais à un échelon inférieur, et pas forcément une présidence. Je n’ai donc pas fini de m’engager pour le tennis de table.

 

 

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